The Biography of the Sultans of Kilwa

4 Titre du livre: Les Sultans de Kilwa, Récit historique Publié pour la première fois en 2022 en arabe sous le titre «Sīrat Salatīne Kilwa» Auteur: Dr. Sultan bin Mohammad Al-Qasimi ------------------------------------------ Nom de l’éditeur: Al-Qasimi Publications Sharjah, Émirats Arabes Unis Édition: Première Année de parution: 2023 © Tous droits réservés Publications d’Al-Qasimi Sharjah, Émirats Arabes Unis ------------------------------------------ Traduit de l’arabe en français par: Dr. Fatima Zohra Sghiyar ------------------------------------------ Distribution: Al-Qasimi Publication, Sharjah B.P. 64009 Sharjah, Émirats Arabes Unis Téléphone: +971 6 50 90000 Fax: + 971 6 55 200 70 Website: www.alqasimipublication.com Email: info@aqp.ae Sharjah, Émirats Arabes Unis ------------------------------------------ ISBN: 978-9948-777-24-3 Autorisation d’impression: Conseil National des Médias Abou Dhabi N° MC 01-03-9177357, Date: 19-09-2023 Imprimerie: AL Bony Press - Sharjah, EAU

5 Table des matières Système de transcription 7 Introduction 11 Chapitre I: Les nuits de Shiraz 17 Chapitre II: La révolte d'Ibrāhīm Charaf-Eddine 27 Chapitre III: La cargaison de la flotte 35 Chapitre IV: L’occupation de l'île de Kilwa 41 Chapitre V: Le règne de Kilwa sous la dynastie al-Wāssel 47 Chapitre VI: Le règne de Kilwa sous la dynastie al-Mahdi 55 Chapitre VII: Le règne de Kilwa entre les Al-Wāssel et les Al-Mahdi 65 Chapitre VIII: Le roi Mas ’oud, fils du roi al-Mou’ayyad, le Ghassānide 75 Chapitre IX: La première querelle d'Ibn Yārik 85 Chapitre X: La deuxième querelle d'Ibn Yārik 97 Chapitre XI: Les Portugais et les sultans de Kilwa 107 Annexe I: L'arbre généalogique des sultans de Kilwa 121 Annexe II: La carte de Kilwa et des régions voisines 125 Sources et Références 129

7 Système de transcription Nous avons adopté dans cette œuvre un système de transcription très simple qui permettrait de rétablir l’équivalence exacte des lettres, des voyelles et des articles définis qui figurent dans la langue arabe mais qui échappent à l’alphabet français. - Le Hamza « ء » est transcrit «ʼ» - La lettre « ﻉ » est transcrite «‘» - La lettre « ﻕ » est transcrite «q» - La lettre « ﺫ » est transcrite «th»

8 - La lettre « ﺡ » est transcrite «ḥ» - La lettre « ﺽ » est transcrite «ḍ» - La lettre « ﻁ » est transcrite «ṭ» - La lettre « ﻅ » est transcrite «ẓ» - Les voyelles longues dans «a» et «i» sont marquées par un trait au-dessus: ā et ī - La voyelle longue dans « ﻭ » est marquée par «ou» - L’article défini «al» reste «al» même devant «une lettre solaire» sauf exception - Les noms propres en capitale à chaque terme du nom, sauf à l’article «al-» en position médiane

9 - la Chaddah «ّ», qui consiste à doubler le son d’une consonne arabe, si elle se trouve au début d’un nom propre, elle est marquée d’abord par un «a» plus la consonne en minuscule, un tiret puis la même consonne en majuscule. - «ibn» et «ben» signifient «fils de».

11 Introduction Ce livre, intitulé Les Sultans de Kilwa: Récit historique, est un roman basé sur des faits réels que nous avons relatés, en nous référant au manuscrit intitulé: "Kitāb as-Salwa fī Tārīkh Kilwa"(1). Des hommes de la littérature et des historiens des pays côtiers de l'actuel Kenya et de la Tanzanie, nous ont sollicité d’écrire au sujet de l’histoire de leur (1) Le livre de consolation sur l’Histoire de la Nation de Kilwa.

12 région, sachant que nous possédons un bon nombre de manuscrits et de documents de l’archive britannique et portugaise, concernant l'histoire de l'Afrique de l'Est. Ainsi, lorsque nous avions décidé d’écrire l’Histoire de l’Afrique de l’Est, nous avons d’abord contacté la British Library à Londres et nous avons pu acquérir une copie scannée dudit manuscrit. Nous nous sommes mis alors à étudier attentivement son contenu, ainsi que tout ce qui a été écrit à son sujet par des historiens arabes et non arabes, quoique beaucoup de ces écrits laissent à désirer et demeurent confus, notamment l’interprétation du contenu de ce manuscrit. L’étude du manuscrit "Kitāb as-Salwa fī Tārīkh Kilwa" nous a permis de noter les observations suivantes:

13 - Premièrement, l'auteur du manuscrit est inconnu, même si sa date de naissance y est mentionnée (le lundi 2 de Chawwāl de l’an 904 de l’Hégire(1) ; - Deuxièmement, le manuscrit est manifestement si ancien, sa copie remonte à l'an 1294 de l’Hégire (soit en 1877 Ap.J.). Abdoullāh ibn Musbiḥ As-Sawwāfi ayant reproduit une copie du manuscrit en suivant les instructions du Barghach ibn Sa‘īd ibn Sultān, le sultan de Zanzibar. Cela indique que la rédaction du manuscrit remonte à 350 années passées. - Troisièmement, le copieur du manuscrit (1) Selon la conversion dans «islamicity.org», le lundi 2 Chawwāl de l’an 904 de l’Hégire correspond au lundi 22 mai 1499 dans le calendrier Grégorien.

14 a sans doute rencontré des difficultés dans la lecture des noms de certaines personnes et de certaines villes, mentionnées dans la copie originale. Cela est dû probablement à l’illisibilité de l’écriture de l'auteur, ou au fait que la copie originale n’était pas dans un bon état de conservation, vu son ancienneté. - Quatrièmement, parmi les dix chapitres du manuscrit, il en manquait trois. Heureusement, nous avons pu combler ce vide, en recourant aux documents portugais que nous possédons. - Cinquièmement, ce que mentionne le manuscrit à propos de l'arrivée des sultans de Shiraz sur la côte africaine n'est qu'un mythe. Les véritables événements, quant au départ du sultan

15 de Shiraz à cette époque-là, sont évoqués dans les manuscrits contemporains. Grâce à Dieu, le Tout-Puissant, et parce que nous avons des manuscrits authentiques sur la généalogie et l'histoire de la Perse, ainsi que des documents portugais si pertinents, nous avons pu dissiper toute confusion chez les autres historiens, et rédiger ainsi l’Histoire de Kilwa, sous forme d’un roman historique, authentique et documentaire. L’auteur

17 Chapitre I Les nuits de Shiraz La ville de Shiraz était entourée de grandes murailles et de quatre portes, dont chacune était protégée par une forteresse. Près de la porte d'Istakhr se trouvait le tombeau de Sayyed Hamza Abou al-Qāssem. La majorité des visiteurs de ce tombeau étaient des descendants de Moussā al-Kāẓim, et c’était le lieu qu’ils vénéraient le plus. C'est pourquoi l’élite de Shiraz était

18 bel et bien formée des «al-Achrāfs»(1) moussaouéens(2). Shiraz était sous le règne de Turkān Khātoun. Cette dernière était la sœur de ‘Alāʼ ad-Dawla Sultān Yazad et la veuve du sultan Sa‘d ibn Abou Bakr Zenkī, décédé lui aussi 18 jours après la mort de son père. La dame s'occupait des affaires de ses ressortissants. Elle supervisait les fonds des trésoreries de feu le sultan Abou Bakr Zenkī et les distribuait au peuple. C’était Niẓām ed-Dine Abou Bakr, un chérif moussaouen que Turkān avait nommé Vizir, qui l’assistait dans cette opération. (1) Superlatif de l’adjectif arabe «chérif» qui signifie «noble», d’ascendance illustre. (2) En référence à Moussā.

19 Turkān Khātoun envoya des messagers munis d’offrandes pour Hulagu Khan, à Bagdad. En effet, le fondateur de la dynastie mongole avait conquis l'Asie occidentale et avait saisi la Perse en 648 de l’Hégire (soit en 1251 Ap.J.). Il se dirigea ensuite vers Bagdad et en prit le contrôle, en 655 de l’Hégire (soit en 1258 Ap.J.). Les messagers avaient donc la mission de faire preuve d'obéissance et de soumission à l'empereur mongol, et de lui demander la publication du décret qui ferait de Mohammed ibn Sa‘d, le fils de Turkān Khātoun, sultan de Shiraz. Mais, deux ans et sept mois après sa montée sur le trône, le sultan Mohammed ibn Sa‘d tomba du haut du toit et mourut instantanément. Dès que la période du deuil fut achevée, Turkān Khātoun entama une concertation

20 avec les gouverneurs à propos de celui qui règnerait sur Shiraz. Tous furent d’accord sur la désignation de Mohammed ben Salghar ben Sa‘d Zankī, nommé par la suite Mohammed Shah. L’homme étant si connu pour son courage et son savoir, une fois arrivé aux frontières de Shiraz, il fut appelé à y accéder. Néanmoins, le règne de Mohammed Shah fut marqué par les soirées festives, les jeux, la danse et la gnôle. C’était un meurtrier et un oppresseur sans égal. Son frère aîné, Seljouq ben Salghar ben Sa‘d Zankī, qui fut incarcéré dans la forteresse d'Istakhr, lui avait envoyé un message, lui demandant une éventuelle intercession. Mais, le sultan ne daigna pas y répondre, l'abandonna ainsi dans sa prison.

21 Alors que les choses empiraient, Turkān Khātoun, les gouverneurs de la tribu perse de Shawl et les gouverneurs turkmènes d'une tribu mongole furent convenus d’arrêter Mohammed Shah ibn Salghar. Ainsi dit, ainsi fait. Un jour où Mohammed Shah rentrait chez lui, il fut capturé, menotté et envoyé à Hulagu Khan. Inculpé de meurtre des innocents, Hulagu Khan le jeta derrière les barreaux. Quoique le règne de Mohammed Shah n'ait duré que quatre mois, le jour de sa destitution fut un jour de fête pour les habitants de Shiraz. Turkān Khātoun confia la mission de libérer Seljouq ben Salghar aux princes de Shawl et quelques confidents du château. Elle le nomma ensuite sultan de Shiraz à la

22 place de son frère. Aussi, fut-il connu sous le nom de «Seljouq Shah». Devenu sultan, Seljouq Shah isola d'abord un bon nombre de princes. Ensuite, afin de restreindre les pouvoirs de Turkān Khātoun, mettre fin aux troubles, prévenir la discorde qu’elle semait et s’emparer des trésoreries que la femme contrôlait, il l’épousa. Mais Seljouq Shah était un grand soûlard. Chaque soir, il organisait des beuveries et se donnait du bon temps en compagnie des chanteuses et des danseuses. En effet, la nuit du 20 du mois de Safar de l’an 662 de l’Hégire (soit le 22 décembre 1263 Ap.J.), au moment où les chérifs célébraient le 40ème anniversaire du martyre d'AlHoussein ibn Ali ibn Abou Ṭāleb avec le

23 rituel des chants et des discours mêlés de lamentations, une autre cène macabre eut lieu chez Seljouq Shah. C'était une nuit d'ivresse pour le gouverneur, à tel point que lorsque ses yeux croisèrent ceux d'un esclave noir au regard pétrifiant, il lui ordonna de pénétrer dans le harem royal et de lui rapporter la tête de sa femme. L'esclave obéit aux ordres de son maître et en si peu de temps, il revint avec la tête de Turkān Khātoun et la lui offrit dans une bassine. Comme Turkān Khātoun portait de précieuses boucles d'oreilles, Seljouq Shah lui coupa les oreilles de ses propres mains et les balança, garnies des bijoux, à la chanteuse. Il poursuivit ensuite son enivrement jusqu'au matin. Et chaque fois

24 qu'il prenait un verre de vin, il versait le reste de la liqueur sur le visage de Turkān Khātoun. Deux hauts responsables du bureau de la police de Shiraz étaient présents cette nuitlà. Ils partirent, dans la foulée, signaler l'incident à Hulagu Khan qui ne tarda pas à tuer, d’abord, son prisonnier, Mohammed Shah ibn Salghar. Puis, il se dirigea vers Shiraz avec une armée mongole, captura Seljouq Shah et l’assassina. Ces événements s’étaient déroulés vers le milieu de l’an 662 de l’Hégire (soit en 1264 Ap.J.). Après le meurtre de Seljouq Shah, il ne restait aucun membre des Atabeks(1) (la (1) Atabek, Atabeg ou Atabey est un titre de noblesse turc qui signifie «le Père du Prince».

25 famille Zenkī) hormis Abech et Salgham; les deux filles de Sa‘ad ibn Abi Bakr Zenkī. C’est Abech qui prendra le pouvoir et gouvernera Shiraz tout en se faisant appelée «as-Sultana Abech bint(1) Sa‘ad». (1) «Bint» signifie «la fille de».

27 Chapitre II La révolte d'Ibrāhīm Charaf-Eddine Lorsque la jeune sultane Abech bint Sa‘d se fut emparée du pouvoir de Shiraz, les chérifs mousaouens se réunirent et désignèrent l'un d'eux sultan de Shiraz. Il s’appelait Ali. C’était l’un des remarquables descendants des naqībs(1) de Shiraz. Sa lignée familiale remontait à l'imam Moussā al-Kāẓim. Les Perses (1) «Naqīb» signifie «le leader de sa communauté».

28 le connaissaient sous le nom d’Ali Shah ibn al-Hassan ibn Ali ibn Isḥāq ibn alHassan ibn Ja‘far Tāj-Eddine ibn Ahmed ‘Izzeddine ibn Ja‘far ibn al-Amīr Abīh (le Grand) ibn Ali ibn al-Amīr Abīh (le Grand) ibn Ali ibn al-Houssein (le naqīb de Shiraz) ibn Ibrāhīm (le naqīb de Shiraz) ibn al-Houssein (le naqīb de Shiraz) ibn Ali (résident de Shiraz) ibn al-Hassan Sabḥa Abou Ṭāleb (résident de Shiraz) ibn Ibrāhīm ibn Moussā Abou Sabḥa ibn Ibrāhīm al-Mortaḍā le benjamin , ibn Moussā al-Kāẓim. Le sultan Ali Shah était excessivement âgé pour gouverner tout seul. Par conséquent, il écrivit à son cousin, Sayyed Ibrāhīm Charaf-Eddine ibn Mohammed Shams-Eddine ibn Ahmed ‘Izzeddine ibn Isḥāq, l'un des grandes figures de

29 La Perse qui résidait à Khorassan, pour venir l'assister dans le règne de Shiraz. Occupant le poste du Chancelier de la Justice, Sayyed Ibrāhīm Charaf-Eddine fut également assez réputé pour sa continence et sa piété. Nonobstant, le sultan Ali Shah fut décédé avant son arrivée à Shiraz, et ce fut bien al-Hassan, le fils d’Ali Shah, qui substitua son père et devint le sultan de Shiraz. Le sultan al-Hassan ibn Ali apprit qu'il y avait des négociations entre Tajo (le dirigeant militaire de Shiraz nommé par Hulagu Khan) et son serviteur personnel. Ces négociations portaient sur une affaire bien sérieuse: le serviteur proposa à Tajo de tuer tous les habitants de Shiraz. Or, Tajo était résolu à recevoir les instructions de Hulago lui-même, et se décida à rejoindre

30 Bagdad, afin d'y rencontrer, en personne, son chef. Cependant, Hulagu était extrêmement furieux car Tajo n'avait pas pris au sérieux les conseils de son serviteur. En guise de correction, Hulagu ordonna que Tajo reçoive 17 coups de fouet. Par la suite, Hulagu commanda à 10 000 soldats de se rendre à Shiraz et de massacrer ses habitants, de la même manière que les Mongols avaient agi en Transoxiane (Asie centrale), sous le règne de Genghis Khan. La nouvelle parvint au sultan al-Hassan ibn Ali Shah. Terrifié, il rassembla ses richesses, appela son fils Ali ibn al-Hassan, sa femme, les membres de sa famille ainsi que ses vizirs et leurs familles, afin de s'apprêter à l’évasion. La

31 nuit tombée, ils s'enfuirent tous à travers l’une des portes de Shiraz qui n'était pas décemment gardée. Ils se réfugièrent dans un endroit clandestin dans le village de Kuwar, situé à 50 kilomètres de Shiraz. L’armée mongole atteint le sol de Shiraz pour le massacre de ses habitants. Ces derniers se mirent à pleurer et à implorer les soldats, sous prétexte qu’ils n’y étaient pour rien, et que ceux qui s’étaient révoltés avaient déjà pris la fuite. Ainsi, et comme tentative d’éviter le massacre, Bastu, le commandant de la police de Shiraz, et Kilja, le représentant du cabinet royal de Shiraz, informèrent le commandant de l'armée mongole que Charaf-Eddine, le Chancelier de la Justice, menait une armée depuis

32 Khorassan, dans le but de prendre d’assaut Shiraz. Ce fut alors que l'armée mongole, accompagnée de Bastu et de Kilja, quittèrent Shiraz et se dirigèrent vers un lieu où ils pourraient attendre l'arrivée de l'armée de Charaf-Eddine. Suivi de plusieurs adeptes, CharafEddine franchit Kuwar où il rencontra son cousin, le sultan al-Hassan ibn Ali Shah, sur le pont du village. Et une armée rassemblant les guerriers des deux cousins affronta celle des Mongols dans un combat acharné, où les hommes de Charaf-Eddine furent complètement dispersés. Ce fut une défaite cinglante, au cours de laquelle les Mongols massacrèrent la majorité de leurs adversaires. Lors de cette bataille, qui eut

33 lieu au mois de Rajab, 663 AH (soit avril 1265 Ap.J.), furent tués Charaf-Eddine, le sultan al-Hassan ibn Ali ainsi qu’un grand nombre de leurs courtisans. Apprenant le meurtre de Sayyed Ibrāhīm Charaf-Eddine et du sultan al-Hassan ibn Ali Shah, Hulagu enjoignit à ses soldats de faire cesser le carnage à Shiraz. Dès que la guerre eut pris fin, les Mongols entreprirent la recherche d'Ali, le fils du sultan al-Hassan ibn Ali Shah, aux environs du village de Kuwar. Cependant, ce dernier, en compagnie des membres restants de sa famille ainsi que des vizirs, réussit à s'échapper et se dirigea dès lors vers la mer, dans l’espoir de quitter la Perse. Le chemin le plus court fut celui qui reliait Shiraz à Reishahr, sur la côte perse.

35 Chapitre III La cargaison de la flotte Aussitôt qu’Ali ibn sultan al-Hassan ibn Ali Shah et ses compagnons furent arrivés à Reishahr, sur la côte perse, au début du mois de Cha‘ban de l’an 663 de l’Hégire (soit le mois de mai 1265 Ap.J.), ils s'embarquèrent à bord d'un canot qui transportait les voyageurs et les marchandises vers les villes de la côte perse. Ils prirent ensuite la direction de l'île d’Ormuz.

36 Le royaume d'Ormuz était déjà établi sur l'île. Au moment où Ali et ses hommes l'atteignirent, c’était le roi Ḥāmed qui y gouvernait depuis l’an 641 de l’Hégire (soit en 1243 Ap.J.). Sous son règne, Ormuz prospéra énormément. Son armée disposait de beaucoup de braves combattants qui remportèrent plusieurs grandes victoires, d'où l'extension de son pouvoir jusqu'à Ẓafar. À Ormuz, on demanda à Ali et à ses compagnons où ils voulaient se rendre. Ils répondirent: - À la Maison d'Allah. - Mais la saison du pèlerinage n'est pas encore venue. Elle ne commencera qu'à partir du mois de Dhou al-Qi‘da,

37 leur expliqua-t-on. - Dans ce cas, nous attendrons ici jusqu'au moment de la saison du Hajj, rétorqua Ali ibn alHassan. Le roi d'Ormuz, Rokn-Eddine Ḥāmed, depuis son accession au trône, avait l'habitude de maintenir de bonnes relations avec les chérifs d'Ormuz. Chaque année, à l’occasion de la saison du Hajj, le roi organisait des voyages vers la Mecque et mettait à la disposition des pèlerins ses bateaux, mieux, il finançait avec ses propres moyens leurs traversées. C’est pourquoi lorsqu’Ali ibn al-Hassan et ses compagnons lui dévoilèrent leur intention d'effectuer le pèlerinage, il approuva et honora énormément leur dessein.

38 Au moment du Hajj, Rokn-Eddine équipa sept énormes navires pour le voyage. Il consacra l’un des bateaux à Ali ibn alHassan, à sa famille et à son entourage. Il envoya en leur compagnie son propre cousin, Ibrāhīm al-Mahdi ibn Mahmoud ibn Ahmed et sa famille. Ibrāhīm al-Mahdi était bel et bien le cousin de Sayyed Ibrāhīm, le Chancelier de la Justice. Le reste des pèlerins fut réparti sur les six autres navires. Lors du voyage du Hajj, les navires flottaient, généralement, pendant une semaine en mer avant d'arriver au port de Yanbu‘. Les pèlerins débarquèrent et se dirigèrent donc vers la Médine, afin de visiter la mosquée du Prophète Mohammed (Paix soit sur lui). Les navires quittèrent donc Yanbu‘ à destination de Jedda,

39 pour transporter les pèlerins qui venaient d’achever les rites du Hajj. Ainsi, la flotte, constituée de sept navires, s'embarqua de l’île d’Ormuz au début de Dhou al-Qi‘da de l’an 663 de l’Hégire (septembre 1265), navigua le long de la côte orientale d'Amman, puis le long de la côte de la Péninsule arabique. Cependant, lorsque les navires arrivèrent au détroit de Bab al- Mandab, à l'entrée de la Mer Rouge, ils furent frappés par un violent vent saisonnier venu du nord. Tous les navires perdirent leur orientation ; chacune des embarcations fut éjectée vers un cheminement différent. Seul un navire put atteindre la destination prévue, le port de Yanbu‘. Les six autres furent emportés par le vent, sur la côte est de l'Afrique.

40 Le trajet du premier navire s'acheva à l'île de Mombasa, au nord de l'île de Kilwa. Le second arriva sur l'île verte de Pemba, au nord de Zanzibar. Le troisième finit à Mandaghna, au nord de Madagascar. Le quatrième s'immobilisa au port de Machanga, au sud de Kilwa. Le cinquième accosta à Hinzwan, l’une des îles des Comores, entre Madagascar et l'Afrique continentale, aux alentours de la région du Mozambique. Quant au sixième navire, il atteint la ville de Kilwa.

41 Chapitre IV L’occupation de l'île de Kilwa Une fois que la tempête se fut apaisée, six navires de la flotte qui avaient pu atteindre la côte africaine, réussirent à retourner à Yanbu‘, afin que les passagers puissent accomplir leur Hajj. Toutefois, Le septième navire, échoué à Kilwa, se trouvait dans l'impossibilité d'être secouru, vu qu’il était coincé dans la boue. Par conséquent, l’embarcation dût y rester. À bord de ce navire se trouvait Ali,

42 le fils du sultan de Shiraz. Les Arabes l'avaient surnommé al-Wāssel, tandis que les Perses l’appelaient Agha Āmed et le prirent comme sultan. Ce fut donc le sultan Ali al-Wāssel ibn le sultan alHassan de Shiraz ibn le sultan Ali Shah de Shiraz ibn al-Hassan ibn Isḥāq. Sur le même navire se trouvait également Ibrāhīm al-Mahdi ibn Mahmoud ibn Ahmed ibn Isḥāq qui est le cousin de Sayyed Ibrāhīm ibn Mohammed ibn Ahmed ibn Isḥāq(1), le Chancelier de la Justice ayant mené la révolte à Shiraz. Ils étaient tous des leaderships religieux. Quand les deux hommes et leurs familles avaient débarqué à Kilwa, ils remarquèrent que l'île de Kilwa se transformait en (1) Voir l’arbre généalogique des sultans de Kilwa, Annexe I.

43 péninsule lorsque la marée était basse, et que les passagers pourraient arriver à terre à pied. Ils découvrirent même une mosquée et le mausolée où était enterrée la personne qui avait construit cette mosquée. Ils rencontrèrent aussi un musulman avec ses enfants à qui ils demandèrent des informations sur l'île. Celui-ci répondit: - Cette île est gouvernée par un Africain; un païen qui est issu de la ville de Mitole, située entre Kilwa et Machanga, à quelques kilomètres de la côte. Il a l'habitude d'aller chasser dans sa ville natale. Il sera bientôt de retour. Quelques jours plus tard, l'Africain païen revint de la ville de Mitole et aborda le sultan Ali ibn al-Hassan ibn Ali. Le musulman résidant à l’île qu’ils avaient

44 croisé, leur servit d’interprète. Alors le sultan Ali dit: - J'aime bien cette île ! Voudriez-vous me la vendre pour que je puisse y résider ? - J'en serais heureux, répondit l'homme africain, mais à une seule condition: vous devez entourer toute l'île de tissus colorés. Le sultan Ali accepta la clause de l’Africain et ordonna que l'île soit entourée d'étoffes de toutes les couleurs. Cela fait, l'homme africain assembla tous les tissus, remit l'île au sultan Ali et prit le chemin de Mitole. Nonobstant, l’Africain semblait avoir l'intention d’y revenir secrètement avec ses hommes, pour tuer le sultan et tous

45 ceux qui l'accompagnaient, s'emparer ensuite de leurs biens et enfin, récupérer l'île. L’homme musulman avertit donc le sultan Ali et lui dit: - Cet homme aime bien son île, et sûrement il reviendra pour piller votre richesse et se débarrasser de vous tous. Vous devriez penser à un plan pour faire face à une éventuelle tentative. Ainsi, et avec toute la bonne volonté dont ils étaient dotés, les hommes du sultan Ali creusèrent le passage permettant aux piétons d’entrer ou de sortir de Kilwa, au moment où la marée serait basse. De cette manière, la péninsule deviendrait une île complètement entourée d’eau, et personne ne pourrait donc y accéder à pied.

46 En effet, accompagné d’un groupe d’hommes, l'Africain revint quelques jours plus tard. Ils s’arrêtèrent à l'endroit qui permettait l’accès à l’île, dans l’attente du passage accoutumé qui se dessinerait, au moment de la marée basse. Ils eurent beau patienter, l'eau ne se retira guère et l’île demeurait inaccessible! Déçus, l'Africain et sa bande durent rentrer chez eux bredouilles. Ainsi, le sultan Ali ibn al-Hassan ibn Ali fut le premier roi à s’approprier de l’île de Kilwa. L’accompagnaient au cours de ces faits: ses fils ; Mohammed, al-Hassan Sabḥa, Soulaymān et Daoud.

47 Chapitre V Le règne de Kilwa sous la dynastie al-Wāssel Un jour, le sultan Ali al-Wāssel visita Mombasa et il fut fasciné par la ville. Ce fut ainsi qu'il nomma son fils Mohammed ibn Ali souverain de Mombasa. Deux ans et demi plus tard, Mohammed mourut. Il fut donc supplée par son frère al-Hassan Sabḥa ibn Ali, dont le règne prit aussi fin avec sa mort, quatre ans et demi après son intronisation. Quant au sultan Ali ibn al-Hassan ibn Ali, il put exercer

48 son pouvoir pendant quarante ans avant son décès. C’était le sultan Ali ibn al-Hassan Sabḥa ibn Ali qui lui succéda au trône de Kilwa. Ainsi, il devint sultan au détriment de ses oncles Soulaymān, al-Hassan et Daoud. Quatre ans et demi plus tard, le sultan Ali ibn al-Hassan Sabḥa ibn Ali rendit l'âme, et fut succédé par son oncle, le sultan Daoud ibn Ali ibn al-Hassan. Ce dernier gouverna Kilwa pendant deux ans, puis il céda le règne à son fils Ali ibn Daoud, se rendit ensuite à Mombasa et y résida. Kilwa connut une période d'instabilité vue que les dirigeants malandayens de Machanga(1), contrôlaient la route reliant (1) Une ville côtière située au sud de Kilwa.

49 Machanga à Kilwa, y compris le village de Mitole. Les Malandayens déclenchèrent une guerre implacable contre les habitants de Kilwa et finirent par l’assiéger. Comme gouverneur, ils nommèrent l’un d’eux, appelé Khalid ibn Bakr. Néanmoins, deux ans et demi après la gouvernance d’ibn Bakr, les habitants de Kilwa se coalisèrent et, à l'unanimité, conclurent de le disgracier. La destitution fut paisible et sans dégât; et à sa place, ils intronisèrent al-Hassan ibn Soulaymān ibn sultan Ali al- Wāssel. Cependant, douze ans plus tard, les Malandayens reprirent le pouvoir sur l'île de Kilwa par la force des armes, condamnant ainsi al- Hassan ibn Soulaymān à s'enfuir vers Zanzibar. Ils élurent par la suite émir

50 l'un des leurs, appelé Mohammed ibn Houssein al-Mantharī. En tant qu'émir malandayen de Kilwa, son nom fut inséré dans les sermons prononcés lors des prières des vendredis. Douze ans après le règne de l'émir Mohammed ibn Houssein, les aborigènes de Kilwa se sentirent las de la domination des Malandayens et décidèrent de mettre fin à leur gouvernance, et de rétablir le pouvoir parmi les leurs. À cette fin, ils rassemblèrent leurs enfants qui étaient les fils des sultans chérifs et leur demandèrent: - Que votre roi soit destitué, cela vous convient-il ? - Absolument pas, répondirent-ils.

51 - Unissez-vous et prêtez votre allégeance envers le fils de votre roi, commandèrent les habitants de Kilwa. Mille jeunes parmi les chérifs répondirent à cet appel et firent preuve de fidélité et d’obéissance envers le fils du sultan alHassan ibn Soulaymān ibn Ali. Sur ce, ils se dirigèrent vers la demeure de l'émir Mohammed ibn Houssein al- Mantharī, l’arrêtèrent et le ligotèrent. Et les garçons accompagnés de leur jeune roi, prirent le chemin de Zanzibar pour demander à alHassan ibn Soulaymān, le roi évincé, de revenir à Kilwa et de récupérer son règne. Celui-ci ne tarda pas à rentrer à l’île à bord d'une flotte de six navires. Au moment de son arrivée sur l’île, l'émir Mohammed ibn Houssein al-

52 Mantharī, arrêté par les jeunes de Kilwa, parvint à se détacher, se précipita vers la côte de l’île dans l'espoir de pouvoir aborder le roi, en provenance de Zanzibar. Dans une tentative de serrer la main du sultan al-Hassan ibn Soulaymān ibn Ali, ce dernier refusa de lui tendre la main pour le saluer. Les jeunes présents présumèrent alors que l'émir, par son attitude, essaya d'attaquer le sultan. Par conséquent, ils assommèrent instantanément l'émir Mohammed ibn Houssein al- Mantharī. Le sultan al-Hassan ibn Soulaymān ibn Ali reprit dès lors le pouvoir de Kilwa, où il régna quatorze ans durant. À sa mort, il fut remplacé par al-Hassan ibn Daoud ibn le sultan Ali, lequel serait démis de

53 ses fonctions dans la même année. Il avait alors soixante-dix ans. Ainsi, avec son retrait du pouvoir en 741 de l’Hégire (soit en 1340 Ap.J.), la dynastie du sultan Ali al-Wāssel put subsister pendant 87 ans.

55 Chapitre VI Le règne de Kilwa sous la dynastie al-Mahdi La famille al-Mahdi était principalement composée de membres dévots et religieux. Parmi ces gens, on comptait des prêcheurs, des prédicateurs et des imams qui prononçaient les sermons, lors de la prière du vendredi et des fêtes religieuses. Ils étaient pareillement présents dans les rassemblements de thikr(1). C’était (1) Chant religieux.

56 pourquoi ils étaient connus sous le nom des «Vulnérables». Et parmi ces Vulnérables, se distingua un homme si courageux et si sage: Soulaymān ibn al-Hassan ibn Ṭāleb ibn Ibrāhīm alMahdi. C’était un leadership bien pieux qui hérita la direction religieuse du peuple de son oncle Sayyed Ibrāhīm Charaf-Eddine, le Chancelier de la Justice et le chef de la révolte de Shiraz. Se révoltant contre son cousin le sultan al-Hassan ibn Daoud, Soulaymān ibn alHassan le dépouilla du pouvoir par la force, et occupa sa place à Kilwa. Or, lors d’une confrontation armée, Soulaymān ibn al-Hassan ibn Ṭāleb fut atteint d'une lance. Dès lors, on l’appelait «le Poignardé».

57 Pendant son règne, al-Hassan, son fils de 14 ans, décida de visiter la Mecque. Mais, avant de franchir la ville sainte, il voulut, au préalable, approfondir ses connaissances en théologie. Ce fut à ce dessein qu'il vécut deux ans à Aden. Ainsi, al-Hassan devint-il un grand savant dont le savoir et la vertu faisaient écho partout. Il était également réputé pour sa générosité et sa bravoure. Après son séjour à Aden, il se rendit à La Mecque, à l'âge de seize ans, désirant y poursuivre ses études. Alors qu'il était à la ville sainte, il reçut la nouvelle de la mort de son père qui gouverna à Kilwa, à cette époque-là, durant dix-huit ans. En raison de son absence, ce fut son frère benjamin, Daoud ibn le sultan Soulaymān

58 «le Poignardé», qui prit la place de leur défunt père à Kilwa. Quand al-Hassan fut de retour, sa mère lui joua un tour: elle lui demanda de se cacher sous une couverture, appela ensuite son fils Daoud et déclencha une conversation de sorte qu’al Hassan pouvait entendre les propos de son frère, à son insu. La femme interrogea alors son fils Daoud: - Ton frère, al-Hassan sera bientôt de retour du Hijaz. Que penses-tu faire lorsqu’il arrivera ? - Jamais nous ne serons en désaccord! C’est son pays, répondit Daoud. Je ne fais que le représenter jusqu'à ce qu’il revienne sain et sauf. Je lui serai obéissant, ajouta-t-il.

59 Rassurée de la cordialité et de la bienveillance entre les deux frères, la mère ôta la couverture et appela son fils, al-Hassan, pour qu'il rencontre son frère. Quand Daoud vit son frère, il le salua de la façon convenue et lui remit la gouvernance de Kilwa. Emu de la réaction de son frère benjamin, al-Hassan le remercia et lui dit: - Continue à exercer ta tâche! Je rejoins mon bateau et je reviendrai demain. Le lendemain matin, al-Hassan ibn Soulaymān «le Poignardé», fut reçu comme le sultan du pays. Son frère lui transféra le pouvoir sans contrainte ni stipulation. Grâce à sa générosité exemplaire et à sa fameuse hospitalité, le sultan alHassan ibn Soulaymān était à juste titre

60 appelé «Abou al-Mawāheb»(1). Son règne établi et reconnu, le sultan al-Hassan ibn Soulaymān, appelé «Abou al-Mawāheb», s'attela à venger son défunt père, qui fut poignardé par les habitants de Mombasa par une lance, lorsqu’ils guerroyaient en faveur du sultan al-Hassan ibn Daoud de la famille al- Wāssel, lors du coup d'État contre-lui. Sorti victorieux de la guerre, alHassan ibn Soulaymān subjugua Mombasa et en devint son premier roi. Sous son règne, la mosquée de Kilwa fut complètement détruite, hormis son célèbre dôme. Les fidèles exécutaient leurs prières quotidiennes sous les ruines et sous l’ombre des tentes. Tel l’indique (1) Personne surdouée qui a des capacités intellectuelles significativement supérieures à la norme.

61 son surnom, le sultan al-Hassan «Abou alMawāheb» éprouvait beaucoup d’estime envers les personnes qui étaient honnêtes et pieuses. Il était tellement généreux que les chérifs d'Irak, du Hijaz, voire d'autres régions, lui rendaient constamment visite. En l'an 760 de l’Hégire (1358 Ap.J.), le célèbre voyageur, Chams-Eddine Abou Abdoullāh Mohammed ibn Abdoullāh alLawāti aṭ-Ṭanji, connu sous le nom d’Ibn Baṭṭūṭa, visita Kilwa où il rencontra, pendant son séjour chez le sultan al-Hassan Abou al-Mawāheb, un bon nombre de chérifs du Hijaz, notamment à la cour du sultan. Parmi eux se trouvaient Mohammed ibn Djamāz, Mansour ibn Loubaïda ibn Noumā et Mohammed ibn Chumaila ibn Abou Noumā. À Mogadiscio, Ibn Baṭṭūṭa rencontra Tabl ibn Koubaïch ibn Djamāz,

62 qui aspirait fortement à une rencontre avec le sultan Abou al-Mawāheb. Tous ces individus cités connaissaient le sultan depuis qu'il était étudiant à La Mecque. Ibn Baṭṭūṭa déclara également que le sultan al-Hassan Abou al-Mawāheb avait consacré un fond spécialement au profit des dépenses des chérifs. Le règne d'Abou al-Mawāheb dura 14 ans. À sa mort, son frère Daoud ibn Soulaymān lui succéda. C'était un homme pieux menant une vie ascétique. Il régna pendant vingt-quatre jours seulement pour être ensuite évincé par son frère alHoussein ibn Soulaymān «le Poignardé». Au bout de six ans et demi de souveraineté, al-Houssein partit combattre les païens de Mitole où il fut tué.

63 Après le meurtre d’al-Houssein, c’était son fils Ṭāleb ibn al- Houssein qui prit en charge la gouvernance de Kilwa durant deux ans, quatre mois et quatorze jours, au bout desquels il fut démis de ses fonctions. Aussi fut-il remplacé par Soulaymān ibn al-Houssein. Ce dernier avait un fils nommé al-Houssein connu, également, sous le nom de «Achrafī». Lorsque Soulaymān s'était rendu à La Mecque, il avait confié la gouvernance de Kilwa à son fils. Mais, chemin faisant, Soulaymān mourut près de Mombasa, où il fut enterré. Et Al-Houssein Achrafī devint donc le sultan de Kilwa après la mort de son père. Quelques jours après son intronisation, il se rendit à La Mecque pour le pèlerinage

64 et la ‘Omra(1), ainsi que pour la visite de la mosquée et le cimetière du Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui). En fin de compte, il rentra à Kilwa sain et sauf. Il y régna pendant vingt-trois ans, jusqu’à sa mort. (1) Petit pèlerinage à la ville sainte de La Mecque qui peut se faire tous les mois de l'année.

65 Chapitre VII Le règne de Kilwa entre les Al-Wāssel et les Al-Mahdi La famille al-Wāssel fut déchue de la gouvernance de Kilwa pendant 55 ans, à cause de la prise du pouvoir par leurs cousins, les al- Mahdi. Le règne de Kilwa leur revint donc, lorsque Mohammed ibn Soulaymān ibn al-Houssein ibn alHassan Sabḥa eut pris le pouvoir. On l'appelait «La Nouvelle Pluie», car il parvint au pouvoir après une période de sécheresse très rude que la famille avait

66 traversée. Il était également connu sous le nom d’«al-Malik al-‘Ādel», c'est-à- dire «le Roi Juste». Devenu sultan, et pour donner plus d’ampleur à sa personne, Mohammed ibn Soulaymān invitait les grandes personnalités d’autres pays à visiter Kilwa. Il régna pendant vingt-deux ans, puis fut remplacé par son fils, le sultan Soulaymān. Ce fut sous le règne de Soulaymān ibn Mohammed que la mosquée de Kilwa, détruite à l'époque d'Abou al-Mawāheb, fut reconstruite. À la mort du sultan Soulaymān ibn Mohammed, les princes, les vizirs et les hommes de pouvoir se concertèrent pour élire le successeur du sultan. Parmi eux, il y avait le prince Mohammed ibn le sultan

67 Mohammed ibn Soulaymān de la dynastie al-Wāssel. Pour éluder tout conflit entre les deux familles, ils convinrent qu'Isma‘īl ibn alHoussein ibn Soulaymān, «le Poignardé», de la famille al-Mahdi, serait le futur sultan de Kilwa. En tant que nouveau sultan, Isma‘īl ibn al-Houssein nomma son frère Soulaymān vizir, et son frère Mohammed émir(1). Cependant, Sa‘īd ibn al-Hassan «Abou al-Mawāheb» ibn Soulaymān, «le Poignardé», étant le fils de feu le sultan «Abou al- Mawāheb», contesta ce choix, revendiquant son droit au trône en tant (1) L’Émir indique que la personne a un certain droit de succession.

68 qu'héritier légitime. Mais, ses efforts partirent en lambeaux. Alors il décida de quitter Kilwa et se rendit à Zanzibar, afin de demander l’appui du sultan de Zanzibar, al-Hassan ibn le sultan Abou Bakr. Ce dernier lui promit de le soutenir dans sa récrimination. Sa‘id finit alors par épouser la mère du sultan al-Hassan. Il y avait à Zanzibar un prince nommé azZoubaïr. Ce dernier fut chargé par le sultan de Zanzibar de préparer la conquête de Kilwa au profit de Sa‘īd. Or, les habitants de Kilwa apprirent la nouvelle et le sultan Isma‘īl se trouvait dans l’obligation de charger le prince Mohammed, un envoyé secret issu de Kilwa, d'éviter une guerre dévastatrice. Le missionnaire remit donc

69 cent mithqāls(1) d'or au prince az-Zubaïr de Zanzibar et lui dit: - Le sultan Isma‘īl vous envoie cet argent pour que vous renonciez à votre plan de guerre contre lui. Le prince az-Zaubaïr acceptant cette offrande, la guerre fut évitée. Or, la promesse faite précédemment à Sa‘id fut inévitablement trahie. Par conséquent, Sa‘īd ibn al-Hassan Abou al-Mawāheb dut secrètement déguerpir, à bord de quatre navires et, déguisé, il arriva à Kilwa. Dès que le sultan Isma‘īl eut appris la nouvelle, il publia un décret proclamant l'exécution de Sa‘īd, promettant de généreuses (1) Le «mithqāl» est une unité de mesure de masse égale à 4,25 grammes et principalement utilisée pour les métaux précieux.

70 récompenses à quiconque apporterait la tête de son ennemi. Quant à Sa‘īd, il se réfugia dans la maison de Mohammed, le juge de Kilwa. Il présumait qu'il serait en sécurité chez lui, et que personne ne pourrait deviner sa cachette. Néanmoins, il put entendre de ses propres oreilles le juge Mohammed dire à son fils Isma‘īl: - Assurez-vous de lui couper la tête! (C’est-à-dire la tête de Sa‘īd). En apprenant cela, Sa‘īd, travesti, quitta immédiatement la maison du juge, et se dirigea vers le cimetière de Kilwa. Toutefois, la nouvelle de l'arrivée de Sa‘īd se répandit comme une traînée de poudre à Kilwa. Le sultan Isma‘īl ordonna alors que

71 les propriétés et les possessions de Sa‘īd soient pillées, tandis que les habitants de Kilwa étaient activement déterminés à le trouver et à le tuer, pour récolter la précieuse récompense, ainsi que les faveurs promises par le sultan Isma‘īl. Dans la tournure des événements, alHassan ibn Soulaymān ibn Mohammed «le Roi Juste» décida d'étendre sa protection à l'égard de Sa‘īd, et de le conduire auprès du sultan Isma‘īl qui lui accorda son pardon. Pendant les quatre années suivantes, Sa‘īd ne sortit pas de sa maison jusqu'au décès du sultan Isma‘īl, au bout de vingt-trois ans de gouvernance. Le règne fut délégué par la suite à la famille d'al-Wāssel, au prince Mohammed ibn Soulaymān ibn Mohammed «le Roi

72 Juste» qui succéda au sultan Isma‘īl et devint le sultan de Kilwa. En effet, il n'y avait plus d'hommes puissants et aptes à gouverner, hormis le prince Mohammed, puisqu’il était le plus riche et le plus puissant. Il devint donc sultan et fut appelé «al-Maẓloum». Mais, le destin n’était pas aussi clément envers lui, car il régna pendant un an puis il décéda ! Ainsi, le règne de Kilwa fut ensuite transmis à son frère, Ahmed ibn Soulaymān ibn Mohammed «le Roi Juste». Sa‘īd ibn al-Hassan Abou al-Mawāheb de la famille al-Mahdi (qui avait précédemment revendiqué le trône) fut nommé vizir. Quant à Soulaymān ibn Mohammed «alMaẓloum» de la famille al-Wāssel, il fut nommé Émir (Prince).

73 Le règne du sultan Ahmed ne dura qu'une seule année. Après sa mort, le sultan alHassan ibn Isma‘īl ibn al-Hassan de la famille al-Mahdi lui succéda à Kilwa. Son oncle, Sa‘īd ibn al-Hassan Abou alMawāheb demeura vizir. Dix ans plus tard, al-Hassan mourut et ce fut bel et bien Sa‘īd ibn al-Hassan Abou al-Mawāheb qui devint sultan de Kilwa.

75 Chapitre VIII Le roi Mas’oud, fils du roi al-Mou’ayyad, le Ghassānide Sous le règne du sultan Sa‘īd ibn alHassan Abou al-Mawāheb al-Mahdi, le roi déchu Mas‘oud, fils du roi al-Mou’ayyad le Ghassānide, fut arrivé à Kilwa. En effet, il était autrefois le sultan d'Aden, mais il fut destitué du pouvoir par le sultan Ali ibn Ṭāher, qui, à son tour, fut lésé par le roi al- Mou’ayyad le Ghassānide, le père du roi Mas‘oud. Voici comment les agissements s'étaient déroulés:

76 Ali ibn Ṭāher était le chef des chérifs d'Aden. Cependant, il n'était pas suffisamment courageux pour faire face aux griefs et aux injustices. Loin de là, il préféra quitter Aden et s'installa dans la ville sainte de La Mecque, en tant que pèlerin et immigrant. Lors de son voyage, ce fut le chérif Ali ibn Soufiān du Ṭabībāt qui l'accompagna. Ce dernier, ne pouvant pas échapper au même sort que celui d’Ali, son compagnon, subit les mêmes injustices que lui. Arrivés à La Mecque, et après avoir terminé les rites de leur Hajj et ‘Omra, ils décidèrent de se rendre à la Médine pour visiter la mosquée et le sanctuaire du Prophète Mohammed (que le salut et la paix soient sur lui). À la Médine, ils s’approchèrent des responsables du

77 sanctuaire du Prophète et les prièrent de se joindre à eux afin de participer au service. Leur requête fut acceptée instantanément. Quelque temps après, Ali ibn Ṭāher fit un rêve où, rapporta-t-il, il vit le Prophète Mohammed s’adresser à lui en disant: «Ali, lève-toi et prends le Yémen». Réveillé, Ali ibn Ṭāher raconta le rêve à Ali ibn Soufiān, son compagnon, et lui demanda: - As-tu fait le même rêve que le mien? - Non, répondit son compagnon. Mais Ali ibn Ṭāher prétendit avoir fait le même rêve les deux nuits suivantes. Il assura ensuite à Ali ibn Soufiān: - Ce rêve doit vous être destiné, car vous

78 êtes l'un des descendants du Prophète Mohammed (que la paix soit sur lui). - Non, répliqua Ali ibn Soufiān, il est bien clair que c’est un message pour toi, puisque c’est toi qui l'avais vu et non pas moi. Ils discutèrent tous deux et, finalement, se mirent d’accord et promirent, l'un à l'autre, sur la tombe du Prophète Mohammed, (que la paix soit sur lui), qu'ils se dirigeraient vers le Yémen et que celui d'entre eux qui prendrait le relais, l'autre lui servirait de vizir, jusqu'à la fin. Et, ainsi fut-il. Arrivés au Yémen, ils découvrirent que le roi al-Mu’ayyad, le Ghassānide, était mort et que son fils Mas‘oud, qui était à Aden à l'époque, lui avait succédé. Les

79 conditions au Yémen étaient lamentables. Le royaume était sur le point de se désintégrer, car presque toutes les régions étaient en désaccord avec Mas‘oud, le roi, à cette époque-là. Cependant, comme les deux «Ali» étaient déjà au Yémen, les gens se rassemblèrent et accordèrent leur bai‘a(1) à Ali ibn Ṭāher assigné calife, dispensant ainsi le roi Mas‘oud ibn al-Mu’ayyd le Ghassānide. Ali ibn Ṭāher aménagea alors une énorme armée sous le commandement de ‘Āmer ibn Ṭāher, son frère, et l'envoya à Aden. Lorsque Mas‘oud vit le bataillon approcher, il commanda de fermer les portes de la ville, renforça ses fortifications (1) Serment d’allégeance.

80 et se disposa à combattre l'armée dirigée par ‘Āmer ibn Ṭāher. En réponse à cette stratégie, ‘Āmer envoya des émissaires aux habitants du fort, les invita à abandonner Mas‘oud et à se joindre à lui. Et le peuple accepta de lui prêter allégeance. Mas‘oud, s’apercevant qu’il fut abandonné par les siens, fuit immédiatement Aden et s'achemina vers Zaila, avec l'intention de se rendre ensuite au pays du Mahra où il y avait sa famille. Cependant, il apprit que Sa‘īd ibn le sultan al-Hassan Abou al-Mawāheb était devenu le sultan de Kilwa. Il décida alors de lui rendre visite, car il l'avait déjà accompagné à Aden auparavant, plus précisément, lorsque le sultan Sa‘īd voyageait pour le Hajj avec son père al-Hassan Abou al-Mawāheb ibn

81 Soulaymān, «le Poignardé». Désormais, ils étaient devenus amis. Par conséquent, que Sa‘īd ait été sultan, cela pouvait régler sa crise en lui permettant de renouveler leur ancienne amitié et, par la suite, de lui rendre visite comme il est d’usage, lorsque les rois se trouvaient affligés par un changement de fortune! Arrivé à Kilwa, le roi évincé fut bien reçu par le sultan Sa‘īd. Il fut accueilli, honoré et récompensé par des fonds substantiels. Mas‘oud demeura à Kilwa pendant un certain temps, puis il se rendit au pays de Mahra. Un peu plus tard, il fit une autre visite à Kilwa. Cependant, il apprit que son ami, le sultan Sa‘īd ibn al-Hassan Abou al-Mawāheb était décédé. Le nouveau

82 sultan Soulaymān ibn Mohammed «alMaẓloum» ibn Soulaymān ibn Mohammed «le Roi Juste» al-Wāssel ne le connaissait pas. De ce fait, Mas‘oud n'était pas reçu de la même façon qu'autrefois. Et des personnes de haut rang à Kilwa osèrent même le prévenir en lui disant: «Nous vous prions de ne plus nous rendre visite à Kilwa. Le pays n'est plus ce qu'il était, et les gens ont beaucoup moins de moyens qu'avant. Venir ici ne fera que dévoiler nos conditions difficiles et aussi les vôtres.» Le roi Mas‘oud fut donc contraint de se rendre en Inde, où il s'installa finalement et où il engendra sa progéniture. Quant à Ali ibn Ṭāher, il régna à Yémen, s’empara de l’ensemble du pays et opprima

83 le peuple, prétendant qu’il était successeur du Prophète. Toutefois, il honora son accord avec Ali ibn Soufiān, jusqu'à ce que leur règne ait pris fin.

85 Chapitre IX La première querelle d'Ibn Yārik Sous le règne du sultan Soulaymān ibn Mohammed «al-Maẓloum», la situation à Kilwa s’était aggravée. En effet, le sultan fut un despote. Le peuple et le pays vécurent de terribles péripéties, à cause de son intendance financière rigoriste. Il fit de son frère Mohammed ibn Mohammed «alMaẓloum» dit «al-Kawwāb»(1) un émir. (1) «al-Kawwāb» est mot perse qui signifie «le Petit».

86 Son mandat, en tant que sultan, ne dura qu'un an et demi. Le conseil de famille destitua le sultan Soulaymān ibn Mohammed «al-Maẓloum» du pouvoir. Il fut remplacé par le sultan Abdoullāh ibn al-Khaṭīb al-Hassan Sabḥa. Il garda le prince Mohammed «al- Kawwāb» ibn Mohammed «al-Maẓloum» comme vizir. Mais, non moins que son prédécesseur, il ne régna qu'un an et demi et fut révoqué, lui aussi, par le conseil de famille. Pareil pour son héritier, son frère Ali ibn al-Khaṭīb al-Hassan Sabḥa, dont le destin ne fut pas distinct de ses deux prédécesseurs, puisqu'un an et demi plus tard, il fut écarté du pouvoir. Sous son règne, Mohammed «al-Kawwāb» maintint

87 son statut d'émir. Cependant, il était le véritable contrôleur des affaires de Kilwa au point de nommer les sultans, ou de les contraindre à démissionner de leurs fonctions. Tellement il était autocrate qu'une fois, il nomma sultan l’un de ses vizirs qui n’était pas descendant des sultans. Or, cela ne convenait ni aux us, ni aux coutumes. Cela dit, le véritable motif d'«al-Kawwāb» était contrarier les chérifs. Ce vizir nommé sultan était bel et bien alHassan, le fils du vizir Soulaymān, fils du vizir Yārik(1). Al-Hassan ibn Soulaymān ibn Yārik, en qualité de sultan de Kilwa, régna pendant six ans avant que l'émir Mohammed «alKawwāb» ne l'ait destitué. Puis, l’émir (1) «Yārik» est un mot perse qui signifie «l’Aimable».

88 nomma sultan, al-Hassan Sabḥa ibn Mohammed «le Roi Juste». Al-Hassan, qui s'opposa à cette résolution, était lui-même le «khaṭīb»(1) de la mosquée de Kilwa, et le père du sultan Abdoullāh et du sultan Ali. Quelques mois plus tard, pour quitter Kilwa, le sultan al-Hassan Sabḥa, nommé depuis peu de temps, prétendit qu'il voulait faire le Hajj. Mais l'émir Mohammed «alKawwāb» désapprouva son dessein. Ce différend engendra des troubles à Kilwa. Finalement, al-Hassan Sabḥa, l'imam de la mosquée, quitta Kilwa pour La Mecque. Il fut accompagné de son frère et de son fils, et d’un autre homme appelé al-Mouḥtasseb, de Mouqaddam Soulaymān, et de Sayyed az-Zoubaïr ibn Sayyed Rawch. (1) L’imam de la mosquée.

89 Arrivés à La Mecque, ils effectuèrent le Hajj et la ‘Omra, puis ils se rendirent à la mosquée du Prophète à la Médine. Lorsque le sultan al-Hassan Sabḥa et ses compagnons; l’élite de Kilwa, eurent terminé leurs devoirs religieux, ils offrirent «les Prières de l’istikhara»(1), implorant Dieu de les guider dans le choix qu’ils devraient faire, et de les orienter vers le droit chemin. Lors de leurs prières, ils suppliaient: «Ô Seigneur ! S'il est de Ta connaissance que notre retour dans notre pays est un bien pour nous, facilite sa réalisation, puis bénis-le pour nous. Et si ce n'est pas le cas, Tu sais ce qui nous serait le mieux.» (1) Prière de consultation (surérogatoire) que le musulman accomplit dans le but de consulter Dieu au sujet duquel il est hésitant.

90 Il semblait que leurs prières eurent été exaucées, car ils étaient tous trépassés, à l'exception de deux parmi eux, qui purent retourner à Kilwa. En effet, Mouqaddam Soulaymān mourut à La Mecque, son frère sur l'île de Kamran, al-Mouḥtasseb dans une ville et le sultan al-Hassan Sabḥa à Aden. Seuls Sayyed Rawch et son fils revinrent vivants à Kilwa. À Kilwa même, lorsque le sultan alHassan Sabḥa fut parti à La Mecque, l'émir Mohammed «al-Kawwāb» le déposséda du pouvoir, et nomma à sa place Ibrāhīm ibn Mohammed «le Roi Juste». Le sultan Ibrāhīm régna pendant cinq ans. Pendant le règne du sultan Ibrāhīm, le sultan évincé al-Hassan ibn Soulaymān ibn Yārik, n'épargna aucun effort pour

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