189 pas des meilleurs plongeurs, qui étaient liés par des dettes aux propriétaires des bateaux. Une fois les plongeurs embauchés et équipés de manière adéquate, Kniphausen leur ordonna de plonger quotidiennement autour des îles, mais il comprit qu’il était impossible d’en tirer un quelconque profit à moins d’être présent luimême, parce que les marins ne bougeaient pas et les plongeurs ne descendaient pas à plus de deux ou trois brasses † , et ce à peine cinq ou six fois par jour. Il vit qu’il serait irréaliste pour les Européens d’inciter les gens du coin à travailler plus dans la violence et les coups qu’ils utilisaient eux-mêmes. Mais Kniphausen s’était convaincu que la pêcherie autour des deux îles pourrait offrir des profits considérables si l’on pouvait employer d’autres moyens. Il écrivit en ce sens au gouverneur-général de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales pour développer ses propositions. La première découlait du fait que les plongeurs médiocres qui avaient travaillé pour lui si piètrement couvraient à peine leur coût : les experts estimèrent la valeur des perles qu’il avait envoyées à 865 Rs alors que la somme payée aux plongeurs et aux marins, ainsi que pour les vaisseaux et les provisions s’élevait à 854 Rs. Kniphausen pensait que si les plongeurs pouvaient plonger, selon certains rapports, beaucoup plus profondément sur la côte de Coromandel, à Ceylan ou Tuticorin, le cœur de la pêche à la perle dans les zones tamoules, on pourrait en tirer des profits considérables. Et l’utilisation des Européens employés comme rameurs sur les gallivats réduirait encore les dépenses. La seconde proposition que Kniphausen pensait pouvoir utiliser dans la pêche à la perle avec des dépenses moindres mais non des gains moindres était d’apporter de Hollande des cloches à plongeur en verre pour faire des expériences. L’invention, disait-il, avait été faite en Angleterre quelques années auparavant et était utilisée avec succès sur des épaves. D’après des rapports parus dans la presse anglaise, un plongeur avait ainsi réussi à aller dans de l’eau très profonde et à y rester longtemps pour y faire ce qui était nécessaire. Ces caractéristiques étaient très prometteuses pour la pêche à la perle parce que les plongeurs pouvaient ainsi atteindre des zones † brasse = 1,8288 m, soit six pieds. (NDT) Les plongeurs descendaient à une profondeur de 3,5 à 5,5 mètres. CHAPITRE TROIS : BANDAR RIG ET L’ÎLE DE KHAR G (1753-1766)
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