236 COMMERCE ET LUTTES DE POUVOIR DANS LE GOLFE 1620-1820 Jervis avait demandé au linguiste de voir s’il pouvait obtenir une concession couvrant l’île de Boushaeab, de façon à ce que la Compagnie puisse avoir le choix d’y déménager si leur commerce à Bouchehr s’avérait inadéquat. Selon Jervis, non seulement aucune dépense supplémentaire ne serait engagée par l’inclusion d’un tel article (qu’il soit accepté plus tard ou non) mais aussi ce serait le meilleur moyen de faire pression sur le Cheikh de Bouchehr pour qu’il conclue son accord avec les Anglais, par crainte que la Compagnie ne déménage son établissement à Boushaeab et qu’il perde ainsi le grand avantage dont il jouissait avec leur comptoir à Bouchehr. Le linguiste, cependant, sans aucune considération pour cet article et pour plusieurs autres dans les instructions que lui avait donné Jervis, n’avait obtenu aucun ordre lié à Bouchehr. Au contraire, il avait toutes les concessions écrites comme si la Compagnie était fermement décidée à s’établir sur l’île de Boushaeab : partout où Bouchehr était mentionné dans les concessions précédemment obtenues de Sadiq Khan, il avait inséré Boushaeab. Lorsque Jervis demanda pourquoi le linguiste avait agi contrairement à ses ordres, ce dernier prétexta qu’il les avait mal compris. Une fois conscient de son erreur, il dit à Jervis qu’il s’engagerait à la rectifier en veillant à ce que les concessions soient rédigées correctement sans dépense supplémentaire, et qu’il paierait les frais liés à son voyage. 33 KarimKhan, pour sa part, envoya une lettre à Jervis en mars 1765 disant que l’affaire devrait être rectifiée et que la Compagnie le trouverait prêt à accorder tout ce qu’ils demanderaient. Il ajouta qu’il espérait que les Anglais l’aideraient avec un vaisseau ou deux contre Mir Muhanna pour l’empêcherde s’échapperpar lamer ; ilmentionnaégalementqu’ilmarchait sur Bandar Rig. 34 Une partie des forces de KarimKhan assiégèrent Bandar Rig, tandis que la flotte de Cheikh Sa‘dun de Bouchehr, accompagnée d’un vaisseau anglais, était censée bloquer le port de Bandar Rig. Suivant les ordres que lui avait donné le Khan, Cheikh Sa‘dun s’adressa à Jervis pour obtenir l’aide du navire de la Compagnie, le Tartar : le navire fut préparé immédiatement mais Cheikh Sa‘dun tarda tant qu’ils ne purent se mettre 33 AB, Journaux de Bassora, Journal no. 194, p. 111. 34 Ibid., pp. 145-7, 150 ; IOR, R/15/1/1, pp. 140, 144.
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