270 COMMERCE ET LUTTES DE POUVOIR DANS LE GOLFE 1620-1820 Bouchehr, qu’il aurait besoin de 20 petits taranquins pour faire débarquer ses troupes sur Kharg, et Morley commença immédiatement à essayer de se les procurer. Cependant, les cheikhs qui gouvernaient alors Bouchehr entendirent parler du projet et interdirent formellement aux gens de leur peuple d’offrir leurs bateaux ou eux-mêmes au service des Anglais. Comme il apparut clairement aux Anglais, les cheikhs espéraient que le refus de toute aide rendrait impossible toute manœuvre contre le Mir : ils craignaient qu’autrement les Anglais réussissent à s’attirer suffisamment les faveurs du Khan pour que la mauvaise opinion qu’il avait d’eux, que les cheikhs entretenaient depuis quelque temps, soit effacée. Pour trouver une explication à leur conduite inamicale envers eux, les Anglais ne pouvaient que supposer que les cheikhs étaient hostiles à toute relation anglaise avec Karim Khan de crainte que les forces navales anglaises ne soient employées contre eux, conjointement avec ses troupes, s’ils s’attiraient son mécontentement ultérieurement. Si cela se produisait, ce signifierait inévitablement leur chute parce que cela les priverait de leur seule façon d’échapper à la colère du Khan, c’est-à-dire en se retirant sur mer avec leurs navires et leurs gallivats : dans l’ensemble, il paraissait vraisemblable qu’ils fussent influencés en ce sens. Ces obstacles n’empêchèrent pas complètement les Anglais de se procurer quelques navires pour leur flotte. Morley en acheta cinq et les envoya sous la responsabilité du lieutenant Field, capitaine duWolf , mais la malchance que connut leWolf en quittant Bouchehr pour rejoindre la flotte sembla anéantir les espoirs anglais. 132 L’agent à Bassora reçut un rapport détaillé du lieutenant Field qui retourna à Bouchehr le 14 mai 1768 : Que l’après-midi du 13 (le jour après qu’il a quitté Bouchehr), il a commencé à souffler fort du N.W., ce qui l’obligea à s’Ancrer à environ 6 Lieues au Nord de cet endroit. Que le Coup de vent força dans la Soirée et donna une Mer très agitée qui passait fréquemment par dessus son Vaisseau, il envisagea à nouveau d’entrer dans des zones de hauts fonds. Que peu après avoir mis les voiles l’un des 132 Ibid., p. 328.
RkJQdWJsaXNoZXIy OTg0NzAy