282 COMMERCE ET LUTTES DE POUVOIR DANS LE GOLFE 1620-1820 une force supérieure, Mir Muhanna disposait d’un refuge sûr à Kharg pour lui-même et ses partisans, sur lequel il pouvait toujours compter. Il pourrait causer au fils du Khan de gros problèmes, qui pourraient causer sa chute : si son fils gardait une armée sur la côte, les tribus de l’intérieur se soulèveraient et ne pourraient pas être tenues dans la sujétion. 158 Or, Mir Muhanna était alors souffrant, fragilisé par la perte d’un grand nombre de ses hommes (100 avaient été tués lors de l’attaque anglaise du 20 mai 1768 contre le fort de Kharg et d’autres avaient déserté) et harcelé par la flotte anglaise qui croisait au large de Kharg. 159 Il envoya un bateau au début du mois de juillet 1768 avec un message au cheikh de Bouchehr, lui offrant son aide au cas où Karim Khan aurait des vues sur Bouchehr. Le cheikh, en réponse, envoya l’un de ses serviteurs à Kharg, ce qui n’était jamais arrivé depuis que Mir Muhanna s’était emparé de Kharg et qui risquait de provoquer la colère du Khan s’il venait à l’apprendre. À Bouchehr, cela fut considéré comme une démarche remarquable et l’on supposa que le Mir avait envoyé une nouvelle extraordinaire pour que les deux complotent ensemble. Quoiqu’il en soit, apparemment en désespoir de cause, Mir Muhanna décida de tenter sa chance contre le gourabeBombay en envoyant six gallivats et de nombreux bateaux armés avec ses meilleurs hommes dans l’espoir de tomber sur le seul gourabe, à Bouchehr ou bien ailleurs. L’expédition anglaise commença à tirer sur les gallivats du Mir le 15 août 1768 et réussit quelque peu à attaquer le Mir mais le même jour, le Speedwell , un bateau anglais qui transportait un paquet de Chiraz, en route de Bouchehr à Bassora, tomba malencontreusement sur l’un des gallivats armés du Mir au large de Kharg. Le gallivat pourchassa leSpeedwell et l’amena à terre près de Bandar Rig où le paquet fut caché avant que les attaquants emportent la cargaison de tissu. Le paquet contenait une lettre de Skipp à Moore, destinée principalement à lui faire savoir que Karim Khan lui assurait toujours que les troupes qu’il lui avait promises partiraient de Chiraz le 21 août au plus tard et qu’il avait envoyé des ordres 158 Ibid., p. 259. 159 Ibid., pp. 85, 259, 346, 353.
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