370 COMMERCE ET LUTTES DE POUVOIR DANS LE GOLFE 1620-1820 6.2 L’abandon de l’établissement anglais de Bandar Rig, 1756 Le petit port de Bandar Rig, situé presque à l’opposé de l’île de Kharg, bénéficiait d’un certain nombre d’avantages naturels, et en temps ordinaires, aurait prospéré comme centre pour le commerce. Même si les ports de Bouchehr et de Bandar Rig étaient à peu près à la même distance de l’île de Kharg, ils différaient considérablement par leur accessibilité de Chiraz, le marché auquel était destinée la plus grande partie des importations hollandaises.Une caravane ( qafilah ) partant deBouchehr pour Chiraz effectuait généralement le trajet en 12 à 14 jours : celles qui venaient de Bandar Rig n’avaient pas besoin de plus de 7 à 8 jours par la route. Cette différence en temps de trajet se traduisait bien évidemment par une différence de coûts pour le voyage, si bien que les Hollandais préféraient toujours débarquer leurmarchandise destinée à Chiraz à Bandar Rig plutôt qu’à Bouchehr, que ce soit pour le compte de la Compagnie néerlandaise ou pour celui de marchands privés. En outre, la plupart des marchands de Bandar Rig qui vivaient à Bouchehr effectuaient de fréquents voyages à but commercial à Kharg, où ils achetaient de grandes quantités d’épices et de sucres. Ceux-ci étaient ensuite envoyés de Kharg à Chiraz. Le port à Bandar Rig, dépendant des établissements commerciaux sur Kharg pour son importance commerciale, retomba dans son obscurité antérieure lors que les Hollandais se retirèrent de l’île en 1766, 3 mais tant que le lien exista, les Anglais firent fonctionner un établissement commercial au port qui dura deux ans (1755-1756). C’était une période de danger et de fortes dépenses, accentuées par la rivalité avec les Hollandais dans cette région. Le comptoir anglais fut fermé en conséquence directe de la lutte pour le pouvoir entre Mir Muhanna et ses frères, d’une part, et les autorités perses d’autre part. Mais d’autres facteurs accélérèrent la décision de se retirer. L’un était le taux élevé de dépenses, déjà mentionné ; l’autre était le peu de considération qu’apportait l’agent, Wood, aux ordres qu’il recevait du gouverneur de Bombay. Le gouverneur avait ordonné à Wood 3 AB, ‘Report of Commerce’, vol. 7, pp. 92)4.
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