376 COMMERCE ET LUTTES DE POUVOIR DANS LE GOLFE 1620-1820 politiques sur le commerce fut l’interruption des routes commerciales, que ce soit sur terre ou sur mer. Lorsque l’instabilité était répandue, des navires armés étaient nécessaires (et rarement disponibles) pour protéger les navires marchands. Ces derniers, donc, étaient parfois contraints de passer les ports perses sans décharger : c’était particulièrement préjudiciable dans le sens où il y avait une pénurie générale de navires de toute façon. On trouve de nombreux exemples de vaisseaux commerciaux non protégés qui se faisaient attaquer, tandis que les attaques de caravanes contraignaient parfois la Compagnie à acheter et à vendre à bord des navires. Durant les périodes de guerre ou de conflit de moindre envergure, il n’y avait pas de marchés et les gens préféraient ne pas dépenser d’argent, même s’ils ne souffraient pas financièrement des désordres. En conséquence, les marchandises étaient parfois renvoyées en Inde et on dut donner des ordres d’arrêter les importations. À d’autres moments, il arrivait que les navires soient perdus, brûlés, ou capturés ; les magasins d’approvisionnement pouvaient être pillés ou détruits ; et les marchandises pouvaient être perdues par extorsion. D’autres aspects moins dramatiques et néanmoins importants de l’instabilité qui portaient atteinte au commerce provenaient de l’absence de gouvernement continu et efficace. Les traités et les accords à différents niveaux étaient difficiles à obtenir et les accords souvent rompus, sans compensation. Dans l’anarchie dominante, la direction était imprévisible et la hiérarchie de pouvoir était incertaine, les gouverneurs et consorts étant nommés et défaits par trop souvent. Dans un tel environnement, le commerce devient physiquement impossible, extrêmement hasardeux et risqué par moments, et par dessus tout coûteux à entretenir. Qu’on se souvienne seulement de l’attaque contre les Ka‘b aumois de mars 1766, qui s’acheva en une si pénible défaite avec des victimes et des pertes estimées à 500000 Rs, en plus de la perte initiale. Dans ce type de contexte, le nombre habituel des maladies qui frappaient les Européens et le coût normalement élevé du fonctionnement des navires de guerre furent beaucoup plus lourds que de coutume. Un tel environnement accentue également les faiblesses de la nature humaine. Certains officiers de la Compagnie étaient corrompus, d’autres étaient
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