CHRONIQUE D’UNE VILLE 84 et entendent les nouvelles. Après les derniers événements récents en France, j’ai appris que quelques personnes en ville parlaient librement de la puissance suprême de l’Allemagne et de la chute de la France, qui serait bientôt suivie de l’effondrement complet de la Grande-Bretagne. Je ne pensais pas que quiconque puisse oser parler contre le gouvernement britannique sans le soutien de quelque responsable. J’ai donc mené des recherches secrètes secrètes et très précises pour déterminer qui était vraiment responsable de cette propagande antibritannique. Le résultat de ces enquêtes a révélé qu’Abdullah bin Faris, le secrétaire du cheikh de Sharjah, était bien derrière tout cela. Afin de me faire prendre des vessies pour des lanternes, Abdullah bin Faris chante toujours les louanges du gouvernement britannique en ma présence et aussi en présence de pro-britanniques et des gens qui sont susceptibles de me transmettre l’information. Il agit en coulisses en influençant des gens ordinaires pour qu’ils répandent des rumeurs sur les succès des Allemands et la défaite du gouvernement britannique. Il assiste au majlis de Cheikh Saif bin Mohammed al-Madfa’, le cadi de Sharjah (il part pour Riyad via Bahreïn pour rendre visite à SaMajesté le roi Bin Saud, ce qu’il fait chaque année) et y répand ces rumeurs parmi les gens ordinaires et innocents qui sont présents et qui à leur tour répètent ce qu’ils ont entendu lorsqu’ils sortent. Abdallah bin Faris semble être convaincu que le gouvernement britannique sera vaincu. J’ai entendu dire par des gens de confiance qu’il disait au cheikh et aux membres de sa famille qu’ils seront bientôt débarrassés du gouvernement britannique. Ces trois derniers jours, les phrases suivantes ont été écrites sur quelques murs de la ville : « Vive Hitler » et « Le droit est du côté de l’Allemagne ». Elles ont fait l’objet de discussions et de spéculations. Les gens attendent de savoir quelles mesures seront prises contre Sharjah au vu de ces activités. Lorsque le cheikh m’a appelé aujourd’hui comme d’habitude, je lui ai rappelé ma conversation avec lui quelques jours auparavant, l’attitude de son secrétaire et les inscriptions sur les murs. Je lui ai dit qu’en tant qu’ami du gouvernement britannique son comportement vis à vis du gouvernement de Sa Majesté avait été irréprochable et que je ne doutais point que tout ce qui pouvait mécontenter le gouvernement britannique le mécontenterait également ; que j’avais mené une enquête complète à propos des récentes rumeurs et que j’avais découvert qu’elles venaient de son secrétaire qui avait pour habitude de créer des problèmes pour le cheikh avec ses voisins, le gouvernement, ses notables, ses frères, et même la famille du cheikh. J’ai ajouté qu’en tant que cheikh, il ne devrait pas écouter ces mauvais conseils ni permettre à quelque fauteur de troubles de l’induire en erreur. Le cheikh a parlé très aimablement de l’amitié qui existait
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